Jungo et Juliette : l’adoption pour offrir une belle fin de vie aux chiens guides

À 10 ans, les chiens guides de l’Association Chiens Guides d’Aveugles d’Île-de-France prennent une retraite bien méritée et deviennent d’excellents chiens de compagnie. Lorsque vient ce moment, deux options s’offrent à leur maître : les adopter officiellement ou les confier à une famille d’adoption prête à leur offrir une nouvelle vie pleine d’amour. C’est ainsi que Jungo, un chien guide ayant servi sa maîtresse Michèle pendant huit ans, a trouvé une nouvelle maison auprès de Juliette Mayou.


Juliette, qui connaissait Michèle par son activité professionnelle, n’avait jamais imaginé adopter un chien. Et pourtant, grâce à leur lien particulier, cette adoption est devenue une évidence. Un mois après avoir adopté Jungo, Juliette nous a partagé son expérience et nous a raconté comment l’adoption s’était déroulée.

 

Juliette, entourée de sa famille et de Jungo

 

Comment vous avez découvert la possibilité d’adopter un chien guide à la retraite ? Étiez-vous bénévole de l’association ?

Juliette nous raconte : « Je n’ai jamais été bénévole de l’association, mais je connaissais l’Association de nom, car je vis près de l’école des Chiens Guides de Paris.

Mais c’est grâce à Michèle, qui était l’une de mes patientes, que j’ai découvert la possibilité d’adopter un chien guide à la retraite. Michèle était toujours accompagnée de son chien guide Jungo, et nous avons fini par beaucoup discuter. Elle m’a expliqué qu’elle allait devoir s’en séparer car il allait partir à la retraite et qu’elle ne se sentait pas de garder deux chiens puisqu’elle allait accueillir un nouveau chien guide.

Au départ, les discussions étaient plutôt anodines, mais à force de les voir régulièrement, un véritable lien s’est créé, et ce qui n’était qu’une simple conversation s’est peu à peu concrétisé. »

 

 

 

Quelles procédures avez-vous du faire afin de récupérer Jungo ?

 

Pour Juliette, l’adoption s’est effectuée sur plusieurs mois et n’a pas été improvisée « Michele ne savait pas réellement comment se passait la mise en retraite, alors elle m’a conseillé de me rendre à l’Association afin que l’on me guide. De là j’ai rencontré Camille Dechartres, l’éducatrice au suivi des équipes, qui m’a expliqué les procédures à suivre. Ensuite j’ai passé pas mal de temps avec Michèle, cela s’est fait sur plusieurs mois.

Puis j’ai suivi toutes les indications de l’Association pour que la transition se passe bien. Actuellement, j’entretiens toujours un lien avec Michèle, afin qu’elle garde contact avec Jungo, je donne des nouvelles, ça nous arrive de nous appeler… C’est toujours compliqué de se séparer d’un animal avec qui on a passé de nombreuses années. »

 

 

 

Qu’est-ce qui vous a motivée à adopter un chien guide retraité plutôt qu’un chiot ?

 

« Honnêtement, je n’avais jamais envisagé d’adopter un chien. Mon rythme de vie avec un emploi du temps chargé me semblait incompatible avec la responsabilité d’en prendre un. Je ne m’étais donc jamais posé la question.

Mais lorsque Michèle m’a parlé de la retraite de Jungo, j’ai vu les choses sous un autre angle.  Nous avions déjà un certain lien avec Michèle, et Jungo se sentait très à l’aise dans mon cabinet. Il me suivait partout, toujours dans mes pattes. Parfois, on aurait pu croire que c’était déjà mon chien. Au-delà de ça, je trouvais ça horrible qu’un chien guide, après des années de travail, soit dans une famille qui lui soit inconnue. Michèle partageait le même point de vue, pour elle, il était essentiel de savoir avec qui et où irait Jungo, mais aussi de maintenir un lien de confiance avec la personne qui l’accueillerait. »

 

 

 

Et alors, comment décririez-vous Jungo ?

 

« Jungo est un chien hyper présent, il nous suit partout, même jusqu’à la salle de bains ou aux toilettes. Il est aussi très actif, et un peu trop joueur parfois ! Il adore se promener et découvrir de nouveaux endroits. Par exemple, récemment, nous avons fait une balade de 2h30, et il était surexcité. Mais le lendemain, il était bien fatigué, sans doute parce qu’il n’est plus tout jeune. En tout cas, il n’a pas de limite quand il s’agit de jouer !

Le soir, quand il est temps d’aller dormir, il ramène souvent sa peluche lapin, comme pour nous dire qu’il veut encore jouer. C’est vraiment agréable d’avoir sa compagnie et de le voir en pleine forme. Parfois, les gens ne nous croient pas quand on leur dit qu’il a 10 ans. »

 

Jungo dans la neige

 

 

Ça fait maintenant plus d’un mois que Jungo est chez vous, comment s’est déroulée l’arrivée à la maison ? A-t-il eu besoin d’un temps d’adaptation ?

 

« L’intégration à la maison s’est super bien passée, sûrement parce qu’elle s’est faite progressivement. Nous avons commencé par des week-ends, puis une nuit, puis deux… Très vite, Jungo s’est senti à l’aise et n’a pas été perturbé. Je pense que ça a été facilité par le fait qu’il connaisse déjà son nouvel environnement.

Pour la petite anecdote, nous avions gardé son ancien panier et acheté un nouveau. Et bien sans hésiter, il a choisi le nouveau, comme s’il avait compris que c’était le début d’une nouvelle aventure ! »

 

 

 

Y a-t-il des habitudes que Jungo a gardées de son temps en tant que chien guide ? Remarquez-vous qu’il adopte parfois un comportement de travail plutôt que celui d’un chien à la retraite ?

 

« Pas vraiment, il a bien compris qu’il ne travaillait plus ! Une des raisons qui nous a confortés dans l’idée d’adopter un chien guide, c’est qu’ils sont extrêmement bien éduqués. C’est vraiment un plaisir au quotidien. Il a quand même pris quelques petites habitudes, comme aboyer sur les autres chiens, mais nous travaillons dessus pour améliorer sa sociabilisation. En règle générale, il est tout de même très bien dressé ! »

 

 

 

Quels changements avez-vous remarqués dans votre vie depuis que vous avez adopté ce chien ?

 

« J’ai constaté que notre rythme de vie à un peu changé, car Jungo rythme notre quotidien. Nous sortons beaucoup plus, et ce, peu importe la météo. De temps en temps, il m’arrive de l’emmener avec moi au cabinet aussi.

Mais je dirais que le plus gros changement est l’organisation. On a dû réorganiser notre emploi du temps, maintenant je fais des passages chez moi entre deux activités pour m’en occuper, le promener et le nourrir. »

 

 

 

Y-a-t-il quelques contraintes du fait qu’il ne soit plus tout jeune ?

 

« Pas vraiment. La seule chose qui pourrait être un signe ce sont quelques moments de fatigue après de longues balades, sinon il est en pleine forme ! Quand nous l’avons emmené au ski, il était trop content de jouer dans la neige, il était dingue. Il est toujours autant actif pour jouer ! »

 

 

 

Recommanderiez-vous l’adoption d’un chien guide à la retraite à d’autres familles ?

 

« Je recommande vraiment d’adopter un chien guide à la retraite. Si la question devait se reposer, je n’hésiterais plus. Ils sont vraiment bien éduqués et connaissent déjà toutes les règles, il y a beaucoup moins de contraintes. Je ne suis pas stressé quand il est seul à la maison, il ne va pas faire de bêtises…

De plus, ça leur offre une belle fin de vie. Ce n’est pas un engagement sur 15 ans, mais plutôt sur quelques années, ce qui est parfois plus simple à envisager. »